Discours à Monthey le 27 mai en soutien aux salariés de Syngenta

Discours prononcé le 27 mai 2015 devant le site chimique de Monthey, devant 700 personnes

Mesdames et messieurs,
Salariés de Syngenta, mais aussi familles et proches des employés,

Comme président de l’Union syndicale valaisanne, j’ai malheureusement dû à plusieurs reprises m’exprimer ces dernières semaines suite à des annonces de suppressions de postes. Ces mesures sont parfois décidées pour faire face aux difficultés économiques et sont alors les conséquences de la fin du taux plancher. Mais parfois, elles ne répondent qu’à un objectif de maximisation des profits. Dans tous les cas, le Valais, et surtout le Chablais, sont durement touchés en ce moment.

Mais je ne m’adresse pas à vous aujourd’hui avant tout comme président de l’Union syndicale, ni comme élu du peuple. Mais comme être humain. Comme être humain profondément déçu, choqué et blessé par l’annonce de suppression de 116 postes survenue le 7 mai dernier.

Blessé, tout d’abord, par les méthodes utilisées par une Direction générale qui semble totalement déconnectée de la réalité du terrain. Cette annonce a été ressentie par tous comme un coup de massue terrible et imprévisible. Comment peut-on comprendre une telle décision alors que, quelques jours auparavant, le groupe annonçait lors de l’assemblée des actionnaires un bénéfice net de près d’1.5 milliard de francs ? Comment ne pas s’indigner devant ce grand écart ? Comment peut-on expliquer que ces 116 suppressions de postes ont lieu au même moment qu’une augmentation de dividende de 10% ? Comment peut-on accepter la délocalisation du secteur conditionnement et formulation pour des raisons de coût de la main-d’œuvre alors que le directeur général de Syngenta vient de s’octroyer une augmentation de revenu de 60% ? Il y a de quoi devenir fou devant cette logique de maximisation des profits. Comment a-t-on pu faire passer l’être humain après l’augmentation des bénéfices ? Comment peut-on à ce point oublier le respect de la dignité humaine ? Cette course aux profits supplémentaires pour contenter les actionnaires est dangereuse pour l’entreprise elle-même.

Il y a en effet de quoi être choqué par cette décision vu les conséquences qu’elle implique. Cette décision de fermeture d’un secteur d’activité est une remise en question de places de travail de qualité, d’un savoir-faire connu et reconnu loin à la ronde. De nombreux travailleurs de Tamoil avaient d’ailleurs l’espoir d’un reclassement professionnel sur ce site chimique de Monthey. Cette décision a donc de lourdes conséquences sur toute la région.

Enfin, et surtout, nous sommes en droit d’être blessés parce que derrière les chiffres formulés, les 116 postes évoqués, il n’y a pas de simples numéros. Ce sont des êtres humains. Des êtres humains qui, individuellement, vivent cette décision comme une injustice, une humiliation, un manque de respect pour le travail accompli. Mais aussi parce que derrière chaque suppression de poste annoncée, il y a des souffrances qu’on peine à formuler. Parce que derrière chaque suppression de poste annoncée, il y a une famille, des proches, qui vivent une période d’incertitude et de peur face à l’avenir.

Si je suis venu ici aujourd’hui, c’est avant tout pour montrer mon soutien aux salariés et à leurs proches. Pour faire comprendre à la Direction générale de Syngenta que ces décisions sont ressenties avec douleur par toute la population, et pas uniquement par les employés concernés.

Ce rassemblement a du sens. Il oppose aux souffrances individuelles dont je parlais tout à l’heure une réponse collective. Sur invitation de la Représentation du Personnel, nous sommes aujourd’hui rassemblés pour apporter notre soutien aux salariés concernés par ces mesures. Nous ne sommes pas dans une optique d’individualisme ou de division : il n’y a pas d’un côté les employés touchés et de l’autre ceux qui sont épargnés par cette décision ; il n’y a pas d’un côté les salariés de nationalité suisse et de l’autre les étrangers ou les frontaliers. Ces logiques de division n’entraînent que l’affaiblissement des positions des employés, la discorde et le malheur. Non ! Il y a ici un bel élan de solidarité et de soutien. Et c’est ainsi que nous sommes plus forts, réunis malgré nos différences, pour délivrer à la direction de Syngenta nos revendications. Pour exiger que cette restructuration soit réévaluée et qu’aucun licenciement n’ait lieu. Pour obtenir des garanties sur le long terme pour le maintien des autres activités sur le site, afin de pouvoir affronter l’avenir avec davantage de sérénité et ne plus vivre dans l’angoisse permanente.

Merci à tous pour votre présence ici. C’est un beau message que nous adressons aujourd’hui à la Direction générale de Syngenta, afin de montrer l’attachement de tout un canton à ces places de travail et à ce savoir-faire.

Vous pouvez compter sur moi.
Vive les travailleurs!
Vive le site chimique de Monthey!