Agressions homophobes : il est temps d’agir !

Il y a quelques semaines, deux couples homosexuels ont été victimes d’agressions dans les rues de Genève, à quelques heures d’intervalle. Le scénario est le même : injures homophobes puis passage à tabac. La situation est qualifiée de « malheureusement assez courante » par les spécialistes du dossier. En 2016. En Suisse.
Si les victimes peuvent porter plainte pour l’agression physique subie, le caractère homophobe de l’attaque (et donc la raison-même de celle-ci !) n’est pas reconnu, puisque l’homophobie n’est pas considérée comme un délit dans le Code pénal. Cette situation, en plus d’empêcher toute statistique en matière de violence homophobe, enlève aux victimes leur légitimité. Celles-ci ont été agressées parce qu’elles sont homosexuelles ; elles ont donc besoin d’une reconnaissance des actes discriminatoires subis ! Le fait que la haine homophobe – au contraire du racisme – ne soit pas inscrite comme infraction dans le Code pénal est une lacune inquiétante et revient à nier l’existence de cette violence. Les agressions de Genève rappellent tristement la nécessité d’agir.
Inquiet de la montée d’actes homophobes, j’ai déposé en mars 2013 au Conseil national une initiative parlementaire demandant de compléter la disposition existante du Code pénal luttant contre la discrimination raciale, afin de l’étendre à la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. L’intervention a été acceptée, en première phase, par le Conseil national et le Conseil des Etats. Son traitement final par les Chambres fédérales doit s’ouvrir en début 2017. Enfin !
Les agressions de Genève ne sont en effet que la pointe de l’iceberg. Les discriminations et la haine homophobes sont généralement passées sous silence et sous-estimées. La souffrance des personnes concernées, elle, est bien réelle. Il est temps d’agir !